Lutte contre le charançon du pin blanc


Fertilisation et attaque des charançons

En Colombie-Britannique, les planificateurs forestiers pensent que la fertilisation des forêts est une stratégie potentiellement viable pour maintenir l’exploitation des forêts de l’Intérieur. Des études préliminaires ont indiqué que les plantations d’épicéas de cette région pourraient répondre de manière satisfaisante à des ajouts de nutriments. L’utilisation d’engrais à grande échelle peut cependant augmenter la fréquence des attaques par le Charançon du pin blanc (Pissodes strobi).

Nos travaux indiquent que les pins à croissance rapide, tels que ceux produits par fertilisation, sont plus sensibles aux attaques du Charançon que leurs congénères non fertilisés.

La coopération en recherche entre le Service canadien des forêts et de la Ministère des Forêts de la Colombie-Britannique indique que les pins à croissance rapide, tels que ceux produits par fertilisation, sont plus sensibles aux attaques du Charançon que leurs congénères non fertilisés. Dans l’Intérieur, l’utilisation d’engrais peut entraîner une augmentation de la fréquence des attaques par le Charançon pouvant aller jusqu’à 30 %, suivant le niveau de fertilisation.

Cependant, même si les attaques du Charançon se sont révélées les plus intenses sur les arbres ayant reçu les traitements de fertilisation les plus intenses, nous avons constaté qu’en moyenne, les gains en croissance verticale qui résultaient de l’application des engrais surpassaient les pertes en croissance dues aux attaques des insectes. Les effets bénéfiques de la fertilisation sur la croissance verticale des jeunes épicéas des plantations de l’Intérieur font donc mieux que compenser les effets négatifs associés à l’augmentation de la fréquence des dommages infligés à la flèche des arbres par le Charançon du pin blanc. Jusqu’à ce jour, personne n’a cependant quantifié les pertes dues aux charançons, qui se traduisent par une diminution de la qualité du bois, et ces pertes sont donc peut-être sous-estimées.

Figure 1. Les attaques du charançon dans les arbres des lots fertilisés intensément étaient plus fréquentes que dans les arbres non traités.
Figure 1. Les attaques du charançon dans les arbres des lots fertilisés intensément étaient plus fréquentes que dans les arbres non traités.

Description détaillée

L’intensification des attaques du charançon avec la fertilisation des arbres est probablement due à un certain nombre de changements chez l’arbre-hôte. Ces changements résultent de l’apport des engrais et influeraient sur certains aspects de la biologie du charançon. Nos études montrent, à ce jour, que la fertilisation influence :

  1. Les dimensions de la flèche : Les charançons sont attirés par les arbres dont la flèche est longue et fournie, mais l’augmentation de la longueur, du diamètre et de l’épaisseur de l’écorce résultant de la présence des engrais augmente également les ressources disponibles pour l’alimentation et l’oviposition des insectes dont la reproduction devient alors plus efficace.
  2. Défenses de l’hôte : On a mis en évidence une corrélation directe entre la résistance au charançon et la densité des canaux de résine dans l’écorce des épicéas de l’Intérieur et des épicéas de Sitka. La fertilisation entraîne un affaiblissement des défenses naturelles de l’arbre en réduisant la densité surfacique des canaux de résine dans l’écorce. 
  3. Présence de nutriments dans l’écorce : La fertilisation entraîne une augmentation de la concentration d’azote, de potassium et de phosphore dans l’écorce des flèches des épicéas de l’Intérieur. Cette augmentation des nutriments pourrait contribuer à augmenter la fécondité des charançons et le taux de survie de leurs larves, ce qui pourrait expliquer l’augmentation des attaques dans les lots ayant reçu une fertilisation intense.

Appliquée sur des stocks améliorés génétiquement pour résister aux charançons et dans le cadre de stratégies revues pour la gestion des ravageurs, la fertilisation intensive pourrait constituer un moyen efficace d’augmenter la productivité des plantations d’épicéas en repousse dans l’Intérieur de la Colombie-Britannique.

Nous concluons donc que la fertilisation est une option viable pour augmenter la productivité des épicéas de l’Intérieur, en particulier si des mesures de contrôle du charançon sont mises en œuvre parallèlement.

Références supplémentaires

vanAkker, L., R.I. Alfaro et R. Brockley. 2004. Effects of fertilization on resin canal defenses and incidence of Pissodes strobi attack in interior spruce. Can. J. For. Res. 34(4): 855-862

BC Forest Practices Code. 1996. Terminal Weevils Guidebook [en anglais seulement]. Gouvernement de la Colombie-Britannique. www.for.gov.bc.ca/tasb/legsregs/fpc/fpcguide/weevil/we-toc.htm.

Personnes-ressources

Dr. René I. Alfaro
Service canadien des forêts
Centre de foresterie du Pacifique
506 West Burnside Rd.
Victoria
(Colombie-Britannique) V8Z 1M5
(250) 363-0660
Courriel : ralfaro@pfc.cfs.nrcan.gc.ca

Robert Brockley
British Columbia Ministry of Forests
Kalamalka Research Station
3401 Reservoir Road
Vernon, B.C. V1B 2C7
(250) 260-4768
Courriel : Rob.Brockley@gems7.gov.bc.ca

Remerciements

Ces études ont été financées par le ministère des Forêts de la Colombie-Britannique, Compte d’investissement pour les forêts.


Statut du projet

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