Expérience canadienne sur la décomposition interstationnelle (CIDET)

L'Expérience canadienne sur la décomposition interstationnelle (CIDET) est une étude conjointe réunissant 20 chercheurs provenant du Service canadien des forêts, des universités et de ministères provinciaux. Elle a été entreprise pour étudier les taux à long terme de décomposition de la litière et de minéralisation des éléments nutritifs dans une vaste gamme de régions écoclimatiques boisées du Canada.


Introduction

On s'inquiète de plus en plus des effets du changement climatique prévu sur le bilan du carbone des forêts et des modifications aux pratiques forestières qui s'imposent. De vastes quantités de carbone sont emmagasinées dans les forêts canadiennes, plus précisément dans les arbres, dans les sols et dans la litière en décomposition. Or, ces forêts pourraient être tout particulièrement sensibles à l'évolution du climat, plus précisément au réchauffement de la planète, prévu sous des latitudes septentrionales. Des changements de la superficie boisée et l'équilibre entre l'absorption du carbone atmosphérique par les plantes, par le biais de la photosynthèse, et le rejet de carbone, par le biais des feux de forêt, de la respiration et de la décomposition, pourraient influer sur les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone. Le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre important, et des augmentations de ses concentrations ont été liées au réchauffement de la planète. Les températures plus chaudes pourraient accélérer la décomposition et, par le fait même, le rejet du carbone emmagasiné dans les sols et la litière. Par conséquent, elles peuvent entraîner une augmentation plus rapide des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone.

Plusieurs projets sont en cours afin de modéliser et de quantifier l'évolution actuelle et potentielle du bilan du carbone des forêts canadiennes sous l'effet du changement climatique. Les données sur plusieurs des processus modélisés, notamment les processus pédologiques, sont limitées. Le taux de décomposition de la litière est un aspect d'une importance capitale, mais les données détaillées à cet égard font défaut pour la plupart des écosystèmes forestiers. Pour remédier à l'insuffisance de ces données, un groupe de chercheurs provenant d'un peu partout au Canada a été mis sur pied afin de mener une expérience de longue haleine sur la décomposition.

Objectifs

L'Expérience canadienne sur la décomposition interstationnelle (CIDET) est une étude conjointe réunissant 20 chercheurs provenant du Service canadien des forêts, des universités et de ministères provinciaux. Elle a été entreprise pour étudier les taux à long terme de décomposition de la litière et de minéralisation des éléments nutritifs dans une vaste gamme de régions écoclimatiques boisées du Canada.

Ses objectifs sont les suivants :

  1. Fournir des données sur les taux de décomposition à long terme de la litière et de minéralisation des éléments nutritifs dans les principales régions écoclimatiques boisées du Canada
  2. Examiner les effets de la qualité du substrat et du climat sur les taux de décomposition à long terme de la litière
  3. Évaluer l'importance relative des facteurs stationnels et du microclimat sur les taux de décomposition
  4. Vérifier l'influence du régime hygrométrique des stations sur les taux de décomposition
  5. Vérifier des hypothèses particulières sur les modes de décomposition de la litière

Dispositif expérimental

Mise sur pied en 1992, cette étude a exigé la préparation de près de 11 000 sacs de 12 types de litière (tableau 1).Dix séries de 12 types de litière ont ensuite été placées dans quatre parcelles comparatives établies dans 21 stations. Chaque année depuis dix ans, on récupère une série de sacs dans chaque parcelle et on analyse la perte de matière ainsi que les teneurs en carbone, en azote et en phosphore.

Sac de litière placé sur le sol
L'un des quelque 11 000 sacs
de litière

On établira des relations entre les taux de décomposition, la qualité du substrat et le climat à l'aide de techniques de régression. Les données sur une série de facteurs stationnels, sur les sols et, si possible, sur le microclimat de chaque station seront soumises à une analyse multivariable afin de vérifier les effets de la station et du microclimat. On étudiera les effets de la teneur en eau du sol à l'aide d'une comparaison des taux de décomposition à deux échelles spatiales :

  1. à l'échelle de la station (macroéchelle), grâce à une comparaison des taux de décomposition dans trois paires de stations de la forêt boréale respectivement situées en terrain élevé et en terrain humide, mais à macroclimat identique
  2. à l'échelle de la microstation, grâce à une comparaison des effets de l'endroit où les blocs de bois ont été mis en place (à la surface ou sous terre)
Type de litière et espèces utilisées dans le cadre de la CIDET
Code * Nom français Nom scientifique Responsable
Feuilles  
Dpt Peuplier faux-tremble Populus tremuloides Visser
Dba Hêtre à grandes feuilles Fagus grandifolia Fyles
Cdc Douglas vert Pseudotsuga menziesii Trofymow
Csb Épinette noire Picea mariana Titus
Cll Mélèze laricin Larix laricina Zoltai
Fbf Fougère-aigle commune Pteridium aquilinum Duchesne
Gfh Fétuque de Hall Festuca hallii Monreal
Ctp Thuya géant Thuja plicata Prescott
Cpj Pin gris Pinus banksiana Weber
Dbw Bouleau à papier Betula papyrifera Titus
Blocs de bois      
Whw Pruche de l'Ouest Tsuga heterophylla Trofymow

Statut du projet

  • En cours

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