Publications du Service canadien des forêts

Rapid 21st century climate change projected to shift composition and growth of Canada’s Acadian Forest Region. Taylor, A.R.; Boulanger, Y.; Price, D.T.; Cyr, D.; McGarrigle, E.; Rammer, W.; Kershaw, J.A. 2017. Forest Ecology and Management 405: 284–294

Année : 2017

Disponible au : Centre de foresterie de l'Atlantique

Numéro de catalogue : 39124

La langue : Anglais

Disponibilité : PDF (télécharger)

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Résumé

On s’attend à ce que les effets des changements climatiques sur les forêts varient à l’échelle mondiale et régionale. La région de la forêt acadienne du Canada, située à la transition entre le biome de la forêt boréale et celui de la forêt tempérée de l’Amérique du Nord, pourrait être particulièrement sensible aux changements climatiques parce que bon nombre des espèces qu’elle abrite se trouvent à la limite nord ou sud de leur aire climatique. Certaines espèces pourraient disparaître, tandis que d’autres verraient leur productivité augmenter considérablement, ce qui aurait des incidences sur les biens et services que nous en tirons. Dans cette étude, nous nous servons d’un modèle de simulation des écosystèmes forestiers bien connu, le modèle PICUS, pour étudier les effets des changements climatiques sur la composition et la croissance de la forêt acadienne de 2011 à 2100 selon deux scénarios de forçage radiatif (RCP 2.6 et RCP 8.5).

À court terme (2011 2040), le modèle PICUS prédit peu ou pas de changements dans la composition et la croissance de la forêt par rapport à la situation actuelle (simulée pour le climat de référence de la période 1981 2010), et ce pour les deux scénarios. Par contre, le modèle prédit qu’à partir du milieu du 21e siècle, la composition et la croissance de la forêt s’écarteront de plus en plus de la simulation de référence et que les plus grands changements se produiront à la fin du siècle (2071 2100) dans le scénario RCP 8.5. Notre étude montre qu’en raison du réchauffement rapide au cours du 21e siècle, la forêt acadienne du Canada commencera à perdre son caractère boréal puisque d’importantes espèces d’arbres ne pourront plus se régénérer et survivre. En outre, la hausse de la croissance et de l’établissement d’arbres adaptés à un climat tempéré plus chaud ne compensera peut-être pas la perte rapide des essences boréales. Cet éventuel effet de décalage pourrait entraîner une baisse temporaire de la croissance de la forêt et de l’approvisionnement en bois à la fin du 21e siècle.

Résumé en langage clair et simple

Les effets des changements climatiques devraient varier d’une forêt à l’autre dans le monde. La région de la forêt acadienne, en Amérique du Nord, pourrait être particulièrement sensible aux changements climatiques, car elle constitue la limite nord ou sud de l’aire climatique de plusieurs des essences qui y résident. Certaines essences pourraient disparaître, alors que d’autres pourraient connaître d’importantes hausses de productivité, ce qui aurait une incidence sur les biens et services qu’elles fournissent. Pour que le secteur forestier local soit en mesure de s’adapter, il faut évaluer de quelle manière les forêts régionales pourraient changer selon différents scénarios de changements climatiques. Dans le cadre de la présente étude, nous avons utilisé deux modèles de simulation d’écosystèmes forestiers bien établis, PICUS et LANDIS-II, pour évaluer l’effet des changements climatiques sur la composition et la productivité de la forêt acadienne au cours de la période de 2011 à 2100, selon deux scénarios de changements climatiques : RCP 2.6 (changements climatiques faibles) et RCP 8.5 (changements climatiques élevés). À court terme (2011–2040), les changements prévus de la composition et de la productivité étaient peu importants par rapport aux conditions actuelles dans le cas des deux scénarios de changements climatiques. Cependant, vers 2050, les deux modèles prédisaient une accentuation des changements au niveau de la composition et de la productivité, les changements étant les plus importants avec le scénario RCP 8.5. Plus précisément, nos résultats montrent que le réchauffement rapide prévu au cours du 21e siècle (RCP 8.5) entraînera une importante « déboréalisation » de la forêt acadienne, qui se caractérisera par une diminution considérable de l’abondance des essences boréales (épinette noire, sapin baumier, etc.) et une augmentation des essences de climat tempéré (érable rouge, pin blanc, etc.). Il est peu probable que l’augmentation de la croissance et de la colonisation des essences de climat tempéré adaptées à la chaleur se fasse au même rythme que la vaste perte d’essences boréales adaptées au froid. Cet effet de décalage entraînera une diminution de la croissance de la forêt et de l’approvisionnement en bois à la fin du siècle.