Coupes sélectives

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Conséquences imprévues des super-usines intérieures sur les exportations de billes côtières

17 juin 2014

Au début des années 2000, un problème intéressant se posait aux producteurs de bois d’œuvre résineux de l’intérieur de la C.-B. : l’Accord sur le bois d’œuvre résineux était périmé et des droits antidumping considérables étaient prélevés, mais la demande de bois d’œuvre résineux aux É.-U. commençait à monter en flèche. Comment pouvaient-ils en tirer profit? Leur solution consistait à tirer parti des taux élevés de dépôt en espèces sur le marché américain et à faire des investissements en capital importants dans leurs installations existantes, en accroissant leur capacité et en les déplaçant au bas de la courbe de coût pour le premier quartile en Amérique du Nord. Bien qu’il s’agisse d’une solution relativement simple à leur problème, cela a provoqué des répercussions imprévues dans toute la C.-B. qui continuent d’avoir une incidence sur le secteur aujourd’hui.

Examinons, à titre d’exemple, les exportations de billes canadiennes.

Exportations de billes par essence de 2003 à 2013 (total mobile en millions de m3 sur une période de 12 mois)

Ce graphique démontre le total mobile des exportations de billes par essence en million de m3 sur une période de 12 mois. D’ici 2003, l’EPS (le groupe d’exportation des essences principales à l’époque) commence à chuter brusquement alors que l’exportation de douglas taxifolié connaît un essor. Jusqu’en 2002, les exportations de billes visaient presque exclusivement les États-Unis et le Japon et les essences d’épinette-pin-sapin (EPS), le sapin en particulier (92 %). Depuis 2002, les principaux marchés canadiens de billes se sont tournés vers l’Asie et se composent presque exclusivement de douglas taxifolié et de pruche.

Description détaillée

Avant 2004, les exportations de billes canadiennes se composaient principalement de billes de sapin expédiées de la C.-B. aux É.-U. et au Japon. Toutefois, des changements importants dans ces marchés se laissaient pressentir : la période de prospérité du secteur américain du logement débutait, qui exigeait du bois d’œuvre plutôt que des billes, et la Chine et la Corée du Sud amorçaient un cycle de demande de bois d’œuvre presque insatiable, tandis que le marché japonais pour les essences côtières s’était effondré.

Alors que les producteurs de bois d’œuvre résineux de l’intérieur de la C.-B. commençaient à accélérer la production dans leurs nouvelles super-usines, les prix des plaquettes d’épinette-pin-sapin (EPS) commençaient à chuter, entraînant une augmentation de l’utilisation des plaquettes d’EPS par les usines côtières de pâte à papier. Cette nouvelle concurrence accablait les usines côtières de bois de sciage qui connaissaient déjà des difficultés. Les scieries côtières ont perdu des recettes considérables en raison des ventes de plaquettes aux usines de pâte à papier locales, qui fermaient ou se détournaient de la production de plaquettes de pruche relativement plus coûteuses. La rentabilité de ces scieries côtières était déjà resserrée par les coûts d’exploitation forestière élevés, un faible rendement (pour les usines du 4e quartile) et les droits compensateurs et antidumping importants après l’expiration de l’Accord sur le bois d’œuvre résineux en 2001. Cette conjoncture catastrophique a causé une série de fermetures de scieries sur la côte. En une période de 12 mois, cinq scieries ont fermé, qui représentaient précédemment 10 % de la production de billes côtière en 2001.

La production de billes côtière était maintenant supérieure à la capacité de traitement des scieries intérieures. Parallèlement, l’exploitation forestière sur les terres privées s’accélérait : entre 1996 et 2003, l’exploitation sur les terres privées s’est accrue de 53 %, soit près de la totalité sur l’île de Vancouver. Avec la réduction de la production côtière de bois d’œuvre, l’exportation de billes de douglas taxifolié de première qualité débuta en 2003. À l’inverse, avec l’accélération de la production intérieure de bois d’œuvre d’EPS, l’exportation de billes de sapin a chuté brusquement.

Cette tendance se maintient depuis 2003 : des exportations élevées de billes côtières et des exportations réduites de billes intérieures. Considéré de façon isolée, cela pourrait être un fait intéressant dans l’histoire de l’industrie forestière canadienne. Considéré de façon plus générale, toutefois, cela exige que nous examinions l’importance globale des investissements en capital de l’industrie forestière effectués aujourd’hui. Dans le monde complexe et interdépendant de l’industrie forestière d’il y a 15 ans, même des investissements plus ou moins équilibrants en fait de capacité accrue et de rendement amélioré ont eu des répercussions très grandes. Il est probable que les investissements plus transformateurs effectués aujourd’hui auront de la même façon des répercussions imprévues et profondes dans le secteur.