Coupes sélectives

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État actuel du rétablissement de l’industrie forestière

1 avril 2014

Les intervenants de l’industrie forestière canadienne conviennent en général que le secteur est entré en « crise » au milieu des années 2000 et que celle-ci s’est intensifiée avec la récession mondiale et dont l’industrie commence à se remettre. La reprise a été stimulée par plusieurs forces, notamment les efforts de l’industrie pour réduire les coûts et rationaliser la capacité, la croissance lente (mais stable) de la demande mondiale et le programme de transformation du secteur (appuyé par l’industrie, le gouvernement et les autres intervenants). Avec la nouvelle année bien entamée, il est opportun de faire le bilan de la mesure dans laquelle l’industrie est « complètement rétablie ».

Bien entendu, les divers sous-secteurs et intervenants qualifieront la reprise en fonction de mesures différentes. Pour évaluer l’ampleur, dix mesures ont été sélectionnées, soit le rendement des capitaux engagés (RCE) et le bénéfice d’exploitation, puis pour la fabrication du bois et la fabrication des pâtes et papiers, l’emploi, le PIB réel, la valeur des exportations et les expéditions ferroviaires.

Le fait que divers sous-secteurs ont traversé la crise à des moments différents complique quelque peu les choses. Une mesure idéale du rétablissement comprend deux éléments d’information : 1) la croissance depuis le creux (où en sommes-nous?) et 2) jusqu’où nous devons aller pour le redressement (y sommes-nous arrivé?). Aux fins de la présente analyse, donc, nous prenons la différence entre la valeur du troisième trimestre de 2013 pour chaque mesure et la valeur minimale qu’a atteint la mesure depuis le premier trimestre de 2001 (où en sommes-nous?) et la divisons par la différence entre la valeur moyenne pour chaque mesure depuis le premier trimestre de 2001 et la valeur minimale pour la période en question (y sommes‑nous arrivé?). C’est-à-dire que nous avons exprimé la croissance de l’industrie depuis qu’elle a atteint son plus bas niveau sous forme de pourcentage de la baisse en dessous des conditions normales de ce niveau le plus bas. Pour la plupart des mesures, un « rétablissement complet » peut raisonnablement s’entendre d’une valeur de 100 %.

État de la reprise du secteur forestier canadien en date du troisième trimestre de 2013 selon les mesures choisies

 Le graphique à barres montre la reprise du secteur forestier canadien selon dix mesures (rendement des capitaux engagés, bénéfice d’exploitation, emplois dans la fabrication du bois, emplois dans la fabrication des pâtes et papiers, PIB réel pour la fabrication du bois, PIB réel pour la fabrication des pâtes et papiers, exportations de bois, exportations de pâtes et papiers, expéditions ferroviaires de bois et expéditions ferroviaires de pâtes et papiers) exprimée en pourcentage de leurs valeurs moyennes de 2001 à 2005.

Description détaillée

Les données de l’image correspondent en grande partie à trois séries distinctes d’attentes. Tout d’abord, si l’on examine les quatre mesures à gauche de l’axe des x (RCE, bénéfice et emplois dans le bois et les pâtes et papiers), le rendement des capitaux engagés et les bénéfices ont regagné beaucoup plus de terrain que les emplois. Cela est typique de la majorité des reprises, où la direction s’assure que les installations en place obtiennent de très bons résultats avant de faire croître l’emploi. Les décisions de gestion dans le secteur privé sont généralement prises pour maximiser le rendement du capital ajusté au risque, ce qui se traduit par un rétablissement du rendement pour les détenteurs de capitaux (le plus souvent des actionnaires ou propriétaires privés) plus rapide que l’augmentation de main-d’œuvre. Il n’est donc pas étonnant que le RCE de l’industrie forestière se soit entièrement rétabli de la crise et ait d’ailleurs dépassé son niveau moyen à long terme, même si l’emploi a toujours une pente importante à remonter. Ceci revient à dire que dans une industrie contrainte à freiner les coûts, la main-d’œuvre n’est pas uniquement un moyen de production; elle représente également l’un des coûts les plus importants. Ainsi, la reprise a d’abord été mise en œuvre en limitant la croissance des coûts de main-d’œuvre dans le but de maintenir les investissements en présentant un rendement du capital investi suffisant. En principe, à mesure que la demande continue de reprendre et que la production augmente, l’emploi devrait commencer à croître proportionnellement comme facteur nécessaire de production.

Ensuite, on remarque que le RCE est complètement rétabli contrairement au bénéfice d’exploitation. La production totale (consulter les valeurs des expéditions du côté droit de l’axe des x) est loin d’un rétablissement complet. Donc, à défaut de très grandes hausses dans les niveaux de prix (qui ne se sont pas produites) pendant que les coûts sont dûment maîtrisés, les profits doivent forcément être inférieurs que par le passé, et ce, même si le RCE est plus élevé. Il est possible ici de constater l’effet du régime minceur : jusqu’à maintenant, l’industrie forestière canadienne est plus petite au sortir de la crise, mais génère un rendement du capital supérieur.

Puis, examinons les mesures de droite. Parmi l’ensemble (PIB, exportations et expéditions), la fabrication du bois est plus près de la reprise (de 58 à 76 %) que celle des pâtes et papiers (de 8 à 32 %). Cela est sans surprise, car la demande pour tous les produits du bois augmente en raison de l’expansion soutenue en Chine et du redressement en cours du marché de l’habitation aux États-Unis tandis que la demande pour plusieurs produits de papier clés (comme le papier journal et d’autres papiers graphiques) continue de baisser. La hausse de la demande pour une partie des produits de pâtes et papiers (comme les pâtes chimiques, les papiers mouchoirs et l’emballage) a permis une certaine reprise dans le secteur des pâtes et papiers en général, mais cette reprise a grandement été atténuée par les sous-secteurs en déclin.

Globalement, du point de vue des capitaux, le rendement et les bénéfices sont près du rétablissement s’ils ne sont pas complètement rétablis. Pour ce qui est de la fabrication du bois, la reprise est vigoureuse, mais doit encore gagner du terrain. Quant à la fabrication des pâtes et papiers, le rétablissement est limité. Au cours de l’année 2014, on peut raisonnablement s’attendre à une amélioration pour la fabrication du bois et l’emploi avec la demande aux États‑Unis qui continue de reprendre, quoique les perspectives soient moins positives pour les pâtes et papiers.