Coupes sélectives

Coupes sélectives

Le secteur forestier canadien est important d’un océan à l’autre

23 janvier 2014

On vend souvent le secteur forestier comme étant national, important dans toutes les régions du Canada. Les courbes de localisation constituent un moyen pratique de le quantifier en comparant la répartition de l’emploi du secteur forestier directement aux autres secteurs. Celles-ci présentent la concentration de l’emploi dans une région donnée plutôt que simplement l’effectif total.

En général, les entreprises établissent leur production dans une région donnée pour tirer parti d’avantages concurrentiels. Le secteur canadien de l’automobile se concentre particulièrement dans le sud de l’Ontario afin d’alimenter en pièces le secteur de l’automobile américain dominé de tout temps par Detroit. Le secteur de l’énergie est présent principalement dans les régions du pays comptant des ressources énergétiques abondantes, comme les sables bitumineux en Alberta. Quant aux secteurs de l’économie axés sur les services (notamment les soins de santé et l’éducation), ils sont généralement concentrés dans les grands centres démographiques, où la densité des consommateurs pour leurs produits est la plus élevée.

La concentration de l’emploi dans un secteur donné a une incidence sur la perception du secteur à l’échelle nationale. Lorsque les retombées d’un secteur économique sont largement réparties, il est plus facile d’établir un consensus national sur l’importance de ce secteur et celui-ci sera en général étroitement associé à l’identité nationale et aux intérêts du pays. Ces secteurs font partie de la vie quotidienne des Canadiens, et les fluctuations sont ressenties par tous. La santé, l’éducation et le commerce de détail en sont des exemples. Par contre, lorsque les avantages sont localisés dans une circonscription en particulier, les bénéficiaires sont souvent très encouragés à promouvoir le secteur, mais établir un consensus avec les autres circonscriptions qui en tirent moins parti est difficile. Divers secteurs des ressources naturelles, y compris les mines et l’énergie, en sont des exemples.

Malgré le grand nombre de types forestiers, les écarts dans les accès aux marchés et les tendances historiques en investissement, les avantages en matière d’emploi du secteur forestier sont répartis plutôt équitablement dans tout le Canada. L’utilisation du coefficient de localisation, obtenu à partir des courbes de localisation, est l’un des moyens les plus efficaces de quantifier cette répartition des avantages. La construction d’une courbe de localisation est relativement simple. Dans un contexte canadien, l’emploi du secteur dans chaque région (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies et Colombie-Britannique) est exprimé comme une part de l’emploi du secteur national total, dont la somme cumulée est exprimée sur l’axe des x. L’emploi total dans chaque région est ensuite exprimé comme une part de l’emploi national total et sa somme cumulée est exprimée sur l’axe des y.

Courbes de localisation pour certains secteurs canadiens (2012)

Le graphique linéaire présente la courbe de localisation pour les secteurs de l’éducation, de la foresterie et de l’énergie. La courbe de localisation pour le secteur de l’éducation est presque une ligne parfaite à 45 degrés. Quant à celles des secteurs de la foresterie et de l’énergie, elles sont toujours plus concaves.

Le degré de concavité de la courbe de localisation pour un secteur donné montre la concentration de l’emploi pour ce secteur dans une région donnée. Par exemple, les services (dont l’éducation) ont tendance à être répartis très uniformément dans un rapport pratiquement constant à la taille de la population et ont donc des courbes de localisation presque parfaitement linéaires. Pour la fabrication primaire étroitement liée à une ressource répartie plutôt inégalement (comme l’énergie), le degré de concavité est assez élevé. La foresterie se classe quelque part au milieu. Le coefficient de localisation (CL) est une façon d’exprimer la signification d’une courbe de localisation par un seul chiffre : l’aire entre la ligne à 45 degrés et la courbe de localisation divisée par 0,5 (l’aire totale sous la ligne à 45 degrés). Un CL de 0,0 représenterait un secteur dont l’emploi serait parfaitement réparti. Un CL de 1,0 indiquerait quant à lui un secteur entièrement localisé dans une seule région. En 2012, le secteur de l’éducation canadien avait un CL de 0,02, le secteur forestier, de 0,28, et le secteur énergétique, de 0,54. Le CL peut également être utilisé pour exprimer comment la répartition des avantages du secteur d’emploi évolue au fil du temps : en 1992, le CL du secteur forestier était de 0,34. La baisse à 0,28 en 2012 laisse supposer qu’au cours des 20 dernières années, l’emploi du secteur forestier s’est davantage étendu au-delà d’une ou deux régions du pays et le secteur est ainsi devenu véritablement national dans une plus large mesure.

En général, de tels résultats soutiennent l’idée que, encore plus que d’autres secteurs industriels, l’industrie forestière est vraiment d’envergure nationale et a une incidence sur la vie d’un plus grand nombre de Canadiens et de collectivités.