Coupes sélectives

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Tendances dans le secteur nord-américain de la construction

30 mai 2013

On a beaucoup parlé de la résistance inattendue du secteur canadien de la construction des habitations unifamiliales qui le distinguerait du secteur américain. Mais cette stabilité apparente du secteur canadien est une illusion créée par le regroupement des données nationales. À l’extérieur des provinces des Prairies, l’expérience du secteur canadien de la construction des habitations unifamiliales ressemble à celle du secteur américain. Un indice des mises en chantier d’habitations unifamiliales permet de comparer assez facilement les tendances du secteur de la construction de ces deux marchés.

Construction d’habitations unifamiliales en Amérique du Nord (2004-2013)

Ce graphique linéaire montre la construction d’habitations unifamiliales aux É.-U., dans les provinces canadiennes des Prairies et dans le reste du Canada. Ce secteur a été relativement résistant dans les provinces canadiennes des Prairies et la construction y a connu une expansion rapide depuis la récession tandis que dans le reste du Canada et aux É.-U., ce secteur a décliné rapidement (plus rapidement cependant aux É.-U. qu’au Canada).

En mars 2013, la construction des habitations unifamiliales dans les provinces canadiennes autres que celles des Prairies n’était que de 44 % de ce qu’elle était en mars 2004. Ce chiffre est semblable aux 38 % du secteur américain pour la même période. Le déclin de la construction des habitations unifamiliales au Canada à l’extérieur des Prairies et le déclin de ce secteur aux États-Unis se distinguent principalement par la mesure dans laquelle ils ont été soudains. Dans les provinces des Prairies, cependant, la construction en est à 96 % et continue à augmenter. Les provinces des Prairies contribuent beaucoup au maintien du rendement à l’échelle nationale du secteur canadien de la construction d’habitations.  

On pourrait aussi comparer la construction d’habitations unifamiliales au creux de la construction d’habitations (en mars 2009) pour déterminer la mesure dans laquelle ces régions se sont rétablies après l’éclatement de la bulle du secteur du logement. Les Prairies sont en hausse de 134 % (et continuent de monter), les É.-U. sont en hausse de 76 % (et continuent de monter) mais le reste du Canada n’est en hausse que de 12 % (et est en déclin). En fait, il paraît probable que la reprise du secteur américain de la construction (par rapport à mars 2004) surpassera celle du Canada à l’extérieur des Prairies avant la fin de l’été 2013.

Il paraît très probable que la résistance du secteur de la construction des Prairies soit la conséquence de la prospérité du secteur des ressources de ces provinces associée, entre autres, au développement des projets énergétiques et de la potasse. L’abondance des emplois est une des principales conditions de la force du marché de l’habitation et les provinces des Prairies ont un taux de chômage très sain (inférieur à 5 %) alors qu’il est supérieur à 8 % ailleurs au Canada.

Étant donné que la construction et la rénovation des habitations unifamiliales représentent environ les deux tiers de la consommation de bois d’œuvre résineux du Canada, la différence entre les taux régionaux de la reprise dans le secteur des habitations unifamiliales (ainsi que les changements dans l’approvisionnement en fibre et les nouveaux marchés des exportations) pourrait être un des facteurs qui expliquent les différences d’expérience de la reprise dans le secteur forestier canadien au cours des dernières années. Les marchés intérieurs ne représentent que 17 % de la production de la C.-B.; il est donc logique de chercher à expliquer la reprise observée dans cette province principalement par les tendances des exportations. Mais ailleurs au Canada, 60 % du bois d’œuvre résineux est expédié vers les marchés intérieurs et la plus grande partie du reste est expédiée vers les marchés américains. Il n’est par conséquent pas étonnant que la reprise ait été solide en C.-B. (qui a accès à l’Asie) et dans les Prairies (où la demande intérieure est en hausse) mais qu’elle soit relativement faible ailleurs (où la demande intérieure est faible).