Coupes sélectives

Coupes sélectives

Les marchés du bois d’œuvre sont-ils en train de se transformer en un unique marché mondial?

23 avril 2013

Dans un article antérieur, Ici ou à l’étranger? Évolution des tendances provinciales d’expédition du bois d’œuvre, nous avons évoqué la possibilité que les expéditions provinciales ayant des destinations très différentes pourraient présenter des tendances d’évolution semblables en raison d’une intégration possible des marchés du bois d’œuvre.

En situation d’intégration des marchés, les marchés de différentes régions dépendent les uns des autres, de sorte que les événements du marché d’une région se répercutent sur le marché d’une autre. Par exemple, une pénurie de bois d’œuvre en Chine ferait monter les prix sur la côte est des États-Unis. Il importe de déterminer si les marchés du bois d’œuvre sont intégrés pour comprendre les fluctuations des prix et des expéditions. Dans ce contexte, la loi du prix unique (LPU) dit que si les marchés sont efficients, les biens identiques devraient être vendus au même prix partout, compte tenu des coûts du transport. Cela implique que si les marchés de différentes régions sont en cours d’intégration, les écarts entre leurs prix se rétréciront. Regardons les prix implicites du bois d’œuvre dans divers pays :

Figure 1 : Prix implicites du bois d’œuvre dans quinze des plus gros pays importateurs de bois d’œuvre du monde (quantité de bois d’œuvre importée divisée par la valeur du bois d’œuvre importé)

Le graphique linéaire montre la tendance des prix dans quinze pays. Il semble que les prix soient devenus de plus en plus variables des années 60 au début des années 2000 avant de converger de nouveau.
Source : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

Il semble que les prix soient devenus de plus en plus variables entre les années 60 et le début des années 2000 avant de converger de nouveau. Un moyen de mesurer la convergence des prix à long terme d’une manière plus rigoureuse qu’avec ces simples observations consiste à utiliser la convergence sigma qui est le coefficient de variation (l’écart type divisé par la moyenne) dans le temps des prix inclus. Si le coefficient de variation diminue avec le temps, cela signifie que les prix convergent. La convergence sigma des prix du bois d’œuvre dans les pays représentés ci-dessus montre une légère tendance à la hausse jusqu’en 1998 (Figure 2). La convergence sigma a baissé très rapidement depuis, ce qui porte fortement à croire que les marchés sont en train de s’intégrer à un rythme accéléré.

Figure 2 : Convergence sigma des prix du bois d’œuvre dans quinze des plus gros pays importateurs de bois d’œuvre du monde

Le graphique linéaire montre la convergence sigma des prix du bois d’œuvre dans quinze pays. La convergence sigma a augmenté légèrement entre 1961 et 1998 avant de baisser brusquement.

Deux grandes catégories de facteurs peuvent entraîner une convergence des prix : la suppression des obstacles institutionnels, commerciaux et autres et le progrès technologique qui facilite le transport. Le Fonds monétaire international (FMI) a remarqué que les économies devenaient de plus en plus intégrées depuis la fin des années 90 et a établi un lien direct entre ce phénomène et une phase d'expansion des activités économiques dans des économies qui étaient considérées jusque-là comme en voie de développement ou émergentes. Essentiellement, la fin des années 90 semble marquer le début d’une ère nouvelle caractérisée par l’élargissement du noyau de fournisseurs et de l’assise de consommateurs, une homogénéisation croissante de ces consommateurs et une amélioration des technologies du transport et des communications qui permet de les atteindre plus facilement (voir Dimensions of Globalization [1,18 Mo PDF]).

Dans ce nouveau contexte, les prix du bois d’œuvre pourraient continuer à converger, ce qui pourrait assurer aux producteurs canadiens une certaine protection contre la volatilité des prix entraînée par les perturbations locales (ou américaines) de l’offre et de la demande.