Coupes sélectives

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Variations du taux de change et compétitivité dans le marché mondial de la pâte NBSK

7 février 2017

Le Canada est le plus grand producteur de pâte kraft blanchie de résineux de l’hémisphère nord (NBSK), avec 40 % de la capacité de production. Les coût de production des usines canadiennes sont également parmi les plus faibles au monde. Toutefois, les variations du taux de change risquent de modifier notre position dans un marché mondial concurrentiel.

Nous avons évalué l’impact des variations du taux de change en examinant deux scénarios pour les producteurs de pâte NBSK :

  1. Le Canada par rapport aux principaux concurrents européens, soit la Russie, la Finlande, la Suède et l’Allemagne.
  2. Le Canada par rapport aux États-Unis. Ce dernier est un petit producteur mais constitue un marché important étant donné la taille du pays et sa proximité avec le Canada.

Scénario 1

Comme l’illustre le graphique 1, les coûts de production moyens dans les trois plus grandes provinces canadiennes s’avèrent nettement plus bas que ceux de la Finlande, de la Suède et de l’Allemagne. Cet avantage est attribuable en grande partie au prix élevé de la fibre dans les pays européens. Il faudrait donc une appréciation du dollar canadien au-delà des sommets historiques enregistrés par rapport à l’euro et à la couronne suédoise pour faire éliminer l’avantage concurrentiel que nous confèrent nos faibles coûts.

Graphique 1 : Scénarios d’appréciation du dollar canadien par rapport à l’euro et à la couronne suédoise

Ce diagramme à bulles illustre que le coût de production finlandais de la pâte NBSK diminue pour rejoindre les niveaux canadiens 
lorsque le dollar canadien s’apprécie de 22 % par rapport à l’euro; le coût de production suédois diminue pour rejoindre les niveaux canadiens 
lorsque le dollar canadien s’apprécie de 20 % par rapport à la couronne suédoise; et le coût de production allemand s’abaisse aux niveaux 
canadiens lorsque le dollar s’apprécie de 15 % par rapport à l’euro. Les principaux producteurs de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et 
de l’Ontario représentent les niveaux canadiens illustrés. L’une des bulles du graphique représente également le producteur aux plus faibles 
coûts, soit la Russie.

Description détaillée

 

À titre d’exemple, le dollar canadien devrait augmenter de 15 % par rapport à l’euro pour que le coût de production allemand s’abaisse aux niveaux canadiens. Une appréciation encore plus importe de 22 % par rapport à l’euro serait requise pour abaisser les coûts de production finlandais aux niveaux canadiens. Dans un même ordre d’idées, la devise canadienne devrait s’apprécier de 20 % par rapport à la couronne suédoise pour abaisser les coûts de production suédois aux niveaux canadiens.

Fort heureusement pour les producteurs canadiens, ces scénarios semblent improbables puisque le dollar n’a pas été négocié à de telles valeurs depuis des années. Une appréciation de 22 % par rapport à l’euro porterait le dollar canadien au-delà du sommet historique enregistré en août 2012 (CAD/0,81 euro), et une appréciation de 20 % par rapport à la couronne suédoise le porterait au-delà du sommet historique de 7,5 atteint en juin 2010.

Les producteurs canadiens demeurent également plus compétitifs que leurs concurrents européens après avoir pris en compte les frais de transport vers le plus grand marché : la Chine. Cependant, après avoir pris en compte les frais de transport, le dollar canadien n’aurait qu’à s’apprécier de 6 % par rapport à l’euro pour que les coûts de production allemands, incluant le transport vers la Chine, égalent ceux du Canada. Malgré tout, cela impliquerait toutefois un taux de change dollar canadien/euro négocié tout près de son plafond historique, ce qui est peu probable à court terme.

La Russie est actuellement le seul pays européen en mesure d’offrir un coût pouvant rivaliser avec celui des producteurs canadiens. La Russie demeure le producteur aux coûts les plus faibles au monde, quel que soit le scénario plausible envisagé, en raison de l’avantage considérable que lui confère le coût moins élevé de sa main-d’œuvre ainsi que les bas prix de la fibre et de l’énergie. De plus, les Russes ont l’avantage de la proximité avec le vaste marché chinois, c’est pourquoi le pays demeurera le fournisseur de pâte NBSK aux coûts les plus faibles.

Scénario 2

Plus près de chez nous, le Canada est plus compétitif que les États-Unis en raison notamment des coûts moins élevés de l’énergie, de la main-d’œuvre et de la fibre. Cet avantage demeure quel que soit le scénario envisagé, que le huard se négocie à 0,70 USD ou à parité.

Graphique 2 : Fluctuations du coût de production canadien en fonction des variations du taux de change CAD/USD

Ce graphique illustre l’augmentation du coût de production canadien de la pâte NBSK suivant l’appréciation du dollar 
canadien de 0,70 $ jusqu’à la parité avec le dollar américain.

Description détaillée

 

À court terme, le taux de change devrait se maintenir entre 0,75 $ et 0,80 $, ce qui confère au Canada un avantage sur le coût d’environ 100 USD/tonne. Cet avantage demeure même après avoir pris en compte les frais de transport vers le marché américain. En fait, même en tenant compte des frais de transport, le Canada est plus compétitif que les États‑Unis. Cet avantage demeure jusqu’à ce que le huard atteigne la parité avec le dollar américain. À ce moment, les producteurs américains auraient alors un avantage de 5 $ la tonne. Cependant, ce scénario est très peu probable à moyen terme.

Dans l’ensemble, la faiblesse du dollar canadien aide le secteur, alors qu’il éprouve des difficultés attribuables à la diminution continue de la demande de papier d’impression et d’écriture, à l’arrivée imminente de nouvelles capacités de production de pâte à papier kraft de bois résineux dans les prochaines années et à la concurrence féroce à laquelle le soumettent les producteurs à faibles coûts de pâte kraft de feuillus.