Coupes sélectives

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Rôle du prix des exportations de bois d’œuvre résineux européen vers les États-Unis

5 juillet 2013

Le prix du bois d’œuvre résineux s’est stabilisé depuis sa baisse en 2009, alors que la demande des États-Unis s’est mise à augmenter grâce au rétablissement graduel du secteur du logement. Avec la récente hausse des prix — qui ont largement dépassé les 400 $/MBF (pour maintenant revenir au prix plancher) — on s’est demandé si les producteurs européens reprendraient leurs exportations vers le marché américain. En fait, en comparant les premiers trimestres de 2012 et de 2013, on constate que les exportations de l’Europe vers les États-Unis ont plus que doublé, passant de 38 000 m3 à 93 000 m3.

Les prix élevés sont l’hypothèse la plus fréquemment formulée pour expliquer l’attirance de l’Europe pour le marché américain. On parle souvent d’un seuil de 450 $ US /MBF. Ce lien est toutefois quelque peu ténu, puisque l’on peut remarquer une hausse des exportations de bois d’œuvre européen vers le marché des États-Unis des années où les prix étaient bien en deçà de 400 $/MBF, de même qu’une diminution de ces exportations lorsque les prix étaient comparables ou plus élevés d’autres années (voir le Graphique 1, entre 2000 et 2006).

Graphique 1. Exportations européennes de bois d’œuvre résineux vers les États-Unis par rapport aux prix du bois d’œuvre résineux nord-américain

 Ce diagramme à barres démontre que les importations européennes de bois d’œuvre résineux vers les États-Unis correspondent aux prix du bois d’œuvre résineux.

Sources : Global Trade Atlas, Random Length

Une théorie un peu plus nuancée est que les producteurs européens augmentent leurs exportations vers les États-Unis lorsque l’écart entre les prix européens et américains est suffisamment faible pour devenir attirant. Le  bois d'œuvre est habituellement plus cher en Europe, où les coûts de production sont plus élevés. Le transport y est souvent dispendieux et l’augmentation des coûts d’expédition de l’autre côté de l’Atlantique n’est pas aussi prohibitive que l’on aurait pu croire à première vue. Dans ce contexte, au moins trois conditions doivent être remplies pour que les producteurs européens accroissent leurs exportations vers les États-Unis : 1) les prix aux États-Unis doivent être suffisamment élevés pour générer des profits, 2) les États-Unis doivent avoir une demande, et 3) le marché européen doit avoir de la difficulté à absorber sa propre production (faible demande ou conditions d’expédition difficiles entre les pays).

Cette situation correspond davantage aux tendances d’exportation observées (voir le graphique 2 ci-dessous). Il semblerait que l’augmentation ou la diminution des niveaux d’exportation soit attribuable à un écart seuil d’environ 70 $/m3. Si l’on examine le Graphique 1, on constate que le prix du bois d’œuvre résineux des États-Unis en 2012 (322 $ US/MBF) était semblable à celui de 2001-2003, alors que les exportations américaines étaient beaucoup plus importantes. Néanmoins, le Graphique 2 en explique la raison : au début des années 2000, l’écart de prix était beaucoup plus avantageux pour les exportations qu’en 2012. En 2012, les prix les plus élevés en Amérique du Nord correspondaient à ceux de l’Europe, ce qui a découragé les exportations.

Graphique 2 : Exportations européennes de bois d’œuvre vers les États-Unis, en fonction de l’écart entre les prix européens et américains

Ce diagramme à barres démontre que les exportations européennes de bois d’œuvre résineux vers le marché américain sont extrêmement sensibles à l’écart des prix de l’Europe et des États-Unis.

Sources : Global Trade Atlas, Random Length, Swedish Wood Exporters Association

Avec les attentes très positives vis-à-vis du prix du bois d’œuvre résineux et de la demande à court terme aux États-Unis, et avec les conditions difficiles du marché européen, l’écart de prix pourrait diminuer et favoriser les importations européennes du bois d’œuvre résineux vers les États-Unis au cours de 2013. Toutefois, la menace ne s’avère pas très grande pour les producteurs canadiens. Les prix élevés généralement nécessaires pour réduire l’écart par rapport aux prix de l’Europe sont nettement avantageux à la production nationale. Par ailleurs, il est peu probable que les importations européennes occupent une large part du marché américain. Au cours des 20 dernières années, ils n’ont représenté en moyenne que 3 % des importations totales des États-Unis, n’atteignant 10 % qu’une seule fois.